Quand la fatum n'est pas avec nous ... (PV Kurt)

Cette journée était décidément consternante … Qu’elle se couche bientôt, car demain ne pourrait être qu’un meilleur jour ! Mais qu’avait-t-elle donc fait pour que les Dieux lui en veuillent à ce point ?! A peine était-elle sortie d'Eihwaz qu’on l’avait traquée -impossible de savoir pourquoi-, et à peine avait-elle réussi à s’échapper qu’un chef de milice –Havdlegord, de son nom- lui était tombé dessus ! Et ce personnage ingrat lui avait anéantit une partie de l’après-midi ! Obscène personnage, ordurier, scélérat, dictateur du peuple ! Et qui ose se prétendre supérieur ! Voila qu’elle devait revenir en ville pour se faire oublier ! Elle n’avait rien su avaler de la journée ! Et pour couronner le tout … il faisait désespérément chaud. Mais qu’avait-elle donc fait pour mériter cela ?! (Au moins, elle avait gagné un cheval … Si on pouvait appeler cette boule de poils piteuse un cheval.)

Lyzianor de Morangias, affalée sur l’encolure d'un vieil étalon qui arpentait tranquillement un chemin sinueux, repassait inlassablement dans son esprit chaque événement qui aurait pu apporter la preuve qu’elle avait, une journée durant, été maudite par les Dieux. Il était d’ailleurs temps que ces fainéants lui apportent leur salut ! Après tout ce qu’elle avait fait pour eux ! Elle songea même à crier au ciel qu’il y allait un peu fort. Mais cette démarche lui aurait pompé bien trop d’énergie, si précieuse avec ce temps de griffon. Elle se contenta donc de se plaindre … intérieurement, parce que le dire à voix haute risquerait de la fatiguer. Mais pourquoi faisait-il si chaud ! Impossible de dormir dans de telles conditions !

C’est alors qu’elle remarqua quelque chose de fort intéressant : un adorable petit lapin broutait paisiblement dans un carré d’herbe. Elle arrêta le canasson et l’observa cinq bonnes minutes, comme si elle contemplait là une œuvre venue du ciel. Les Dieux avaient entendu son appel ! Effectivement, en cet instant, c’était l’instinct canin de la pauvre femme qui reprenait le dessus, et déjà, elle s’imaginait de quelle façon pourrait-elle cuisiner ce délicieux repas directement venu du Paradis.

Sans un bruit, elle sorti un shuriken de sa ceinture et le pointa en direction de cette bestiole isolante. Ce petit regard narquois qu’elle lançait à tout vient ! Elle osait la provoquer ! Elle s’apprêta à asséner le coup final à ce qui n’allait pas tarder à se transformer en ragout, mais … Le lapin fit un bond, et écrasa une branche en bois. Tout aurait pu bien se passer si … Un imbécile qui, n’ayant rien à faire là, ne s’était pas levé d’un bond, s’exclamant un « Qui va là ?! » futile qui n’avait eu pour but que de faire fuir sa proie !!

Lyzianor n’avait en plus pas eu le temps d’arrêter son coup, et son shuriken se retrouvait donc à plusieurs mètres d’elle, enfoncé dans cette maudite branche.

Mais qu’elle journée abominable !

Descendre de la boule de poils pour récupérer son arme serait bien trop accablant. La voleuse mit donc l’étalon au pas, se penchant de son mieux pour chopper l’étoile au bon moment. Seulement, elle ne s’était pas attendue à ce que la branche soit elle aussi enfoncée dans le sol, et que, par conséquent, retirer le shuriken lui demanderait un peu plus d’énergie que d’attraper une plume. Aussi resta-t-elle accrochée à son arme alors que sa monture continuait à avancer, et s’étala-t-elle de tout son long sur le sol poussiéreux.

Elle gémit avant de se concentrer une minute pour décrocher son matériel. Il faisait noir et il ne faudrait pas qu’elle se coupe. Quand elle y parvint enfin, elle le tendit triomphalement dans les airs.

« Haha l'cannasson ! T'as vu ça !! Si t'avais des mains, j'suis sur qu’tu m’applaudirais ! »

S'exclama-t-elle, se relevant difficilement. Et c'est d'un air déconfit qu'elle constata l'inimaginable ; sa monture ... venait de s'échapper ! D’un pas claudicant, elle s’éloignait peu à peu. Elle soupira, mais remarqua joyeusement qu’une auberge berçait sa route. Elle s’y rendit sans trop attendre.

Là buvait joyeusement un homme ... décidément charmant, la chance lui sourirait-elle ?